23 octobre 2019
La feuille des devoirs et la liste d’épicerie : même combat!
Dans le sac d’école de ma plus jeune, je (re)trouve la feuille de devoirs et de leçons de Madame Julie. Troisième fois que l’une de mes filles tombe sur cette enseignante de deuxième année. Ce papier, je le connais par cœur. Je pourrais presque l’écrire moi-même.

La première fois que cette feuille est entrée à la maison, je me souviens de l’avoir trouvée simplette.
L’école nivelait les apprentissages par le bas, me disais-je. Comment mon enfant allait-elle pouvoir apprendre à travailler si elle n’ouvrait jamais son sac d’école? Elle savait toujours tous ses mots à l’avance (l’enseignante les révisait en classe), et son devoir avait souvent été fait pendant la journée. Tout était trop facile. Ma fille avait même le temps de lire des romans pendant les heures de classe.
J’ai donc demandé à l’enseignante de lui donner plus de devoirs.
J’ai fait ça. Incroyable, je sais. J’étais ce que j’appelle maintenant une « mère de premier enfant » ou une nouvelle mère, c’est-à-dire pleine d’attentes, d’exigences et de naïveté. Je surinvestissais mon enfant. Mais ça, c’est un autre sujet.
Je savais que ma fille était douée, mais j’avais surtout l’impression que c’était l’école qui n’en demandait pas assez aux enfants. Ce qui est amusant, c’est qu’avec cette même feuille, ma voisine était convaincue que l’école en demandait trop. Elle aussi avait fait une demande à l’enseignante. Elle voulait qu’on donne moins de devoirs à son enfant. C’était une « mère de premier » elle aussi.
En presque 10 ans, Madame Julie, qui a eu dans sa classe presque toute ma smala, n’a pas modifié sa feuille de devoirs à quelques virgules près. Ce qui est amusant, c’est que cette même feuille qui n’était pas assez pleine à mon goût à ma première, l’était beaucoup trop avec une et juste assez avec l’autre.
J’ai donc cessé de juger cette satanée feuille et de m’en plaindre pour la considérer comme un guide.
Une sorte de liste d’épicerie idéale où je coche maintenant des articles, selon mes moyens. Avec peu de budget, je coche les aliments les plus nourrissants en priorité. Et avec de plus gros moyens, j’ajoute quelques articles superflus dans mon panier, comme des lectures ou des activités parascolaires supplémentaires.
L’idée n’est pas de cocher toute la liste à la fin de la semaine, mais plutôt d’accorder du temps aux articles les plus nourrissants.
Si, par exemple, ma fille a des difficultés en français, nous priorisons cette matière toute la semaine, voire même toute l’année. Et quand il nous reste de l’énergie et du temps (s’il nous en reste), nous cochons une gâterie, une matière plus facile et amusante pour elle.
J’ai même déjà écrit un mot à Madame Julie :
Nous sommes incapables de passer à travers la liste complète des devoirs. Pour les prochaines semaines, nous prioriserons les verbes seulement. Qu’en pensez-vous?
Et devinez quelle a été sa réponse?
Bonne idée!
Le gros bon sens a toujours sa place. Il ne nous en fallait pas plus pour passer la plus merveilleuse des années.

Danielle Verville
Danielle Verville, mère de quatre filles, a survécu à plus de 10 ans de coordination de devoirs et de leçons de ses enfants, et ce, tant au primaire qu'au secondaire.
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